Transformatio


12

Veuille la transformation. Sois enthousiaste, oh ! de la flamme
par laquelle une chose te quitte, en gloire de métamorphoses.
L'esprit de création, celui qui se rend maître du terrestre,
n'aime, à l'élan de la figure, rien autant que le point pivotant.


S'enclore au permanent, déjà c'est l'engourdissement ;
se croît-on plus en sûreté sous le couvert morne du gris ?
Attends : une plus grande dureté prévient de loin la dureté.
O malheur ! -le voici qui se lève, le marteau absent !


La connaissance reconnaît celui qui se déverse comme source
et le conduit, extasié, au travers de la création sereine,
que souvent le début termine et que la fin commence.


Il n'est d'espace heureux, que fils ou petit-fils d'une séparation,
avec étonnement franchie. Et Daphnée métamorphosée,
depuis que son coeur est laurier, veut que tu te changes en vent.


Rainer Maria Rilke, Les Sonnets à Orphée (1922)
(version de Armel Guerne)

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