Assis sur le versant de la montagne, je suivais des yeux une barque fragile / Image de notre destinée, qui flottait, légère, sur les flots profonds / Elle fuyait, mon regard la perdit ; elle se fondit dans le ciel immense / Tandis que le soleil affaibli s’éteignait à l’autre horizon / Tout ce qui se déroulait à ma vue rentra subitement dans le demi-jour d’une lumière indécise / Les derniers rayons du soleil n’illuminant plus que la cime des arbres et le sommet des rochers / De scintillante et d’azurée qu’elle était, la surface des eaux devint de plus en plus sombre / Bientôt quelques nuages rouges indiquaient seuls où l’astre brillant avait disparu / Les îles du lac se détachent en noir sur les eaux tranquilles / Auxquelles la réverbération du ciel conserve un reste de clarté / Mais déjà l’obscurité s’est appesantie sur les bois et les collines /Et le rivage n’est plus qu’une ligne confuse pour mon regard impuissant / La nuit vient, l’air est vif, il s’agite au loin / Le vent du nord élève durement sa voix sifflante / Les oiseaux aquatiques cherchent un abri sur la rive sablonneuse / Ils vont attendre l’aurore, blottis entre des roseaux / La lune, qui s’est enfin montrée, se mire longuement dans la masse limpide / Je prends mon luth, compagnon de ma solitude : les cordes s’émeuvent sous mes doigts / Tandis qu’elles vibrent, pleurant ou chantant tour à tour, jetant au loin leur harmonie / Le temps vole, et c’est la rosée pénétrante qui m’apprend l’heure avancée de la nuit
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Tchang-Kien, Une nuit dans la montagne
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