La pensée est augurale, inaccomplie. C’est dans son inachèvement, dans son arrachement à toute finalité qu’elle investit le monde comme sa condition finale, c’est-à-dire qu’elle entre en phase avec l’inachèvement du monde lui-même. Le destin de la pensée, son pacte objectif, c’est l’inachèvement du monde.

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Si le monde est ce qu’il est, d’où vient l’illusion des apparences, d’où vient la hantise de la vérité ? D’où vient la transcendance ? Si la conscience, comme Dieu d’ailleurs, fait encore partie de l’illusion du monde, celle-ci n’étant à sont tour illusion que pour la conscience, c’est-à-dire relative à un être hypothétique et indéchiffrable… le tourniquet est infini. Inutile donc de se prendre pour Dieu et le sujet pour pôle de la connaissance. Définitivement, entre la pensée et le monde, c’est une relation duelle et réversible. Entre elle et le monde, c’est « l’Autre par lui-même ».
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Jean Baudrillard, Hétérodafé
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1 commentaire:

  1. La photographie :

    et sous les eaux croupies et calmes, la poussière d'algues en irruption, brouillonne, conquérante et folle.

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