
La photo, c’est l’ombre projetée sur la pellicule de ce dont nous n’aurons jamais l’expérience concrète, objective, et dont nous ne connaîtrons jamais non plus la source lumineuse – pas plus que les prisonniers de la caverne, qui, du monde extérieur et de leur propre existence, ne connaissent jamais que le reflet.
Le défilé des ombres (la mienne sur le mur ocre, celle des arbres, celles de personnages sur le mur de la Recoleta, ou toutes ces silhouettes silencieuses, la nuit dans les rues de Venise), tout ce théâtre d’ombres est comme le reflet d’un monde antérieur où nous n’étions encore que des ombres, d’un âge d’or crépusculaire où les hommes ne sont pas encore précipités vers la lumière brutale du monde réel, vers ce désert où toutes les ombres sont victimes de la lumière artificielle et de la réalité virtuelle, où les corps sont devenus translucides dans un monde surexposé de l’intérieur.
La photo, elle, garde la trace d’une écriture de l’ombre, ce qu’elle est tout autant qu’une « écriture de la lumière », et donc le secret d’une source lumineuse venue de la nuit des temps.
On dit de l’ombre qu’elle nous suit, en fait elle nous a toujours déjà précédés, et elle nous survivra. Comme la mort : nous avons été morts avant d’être vivants, et nous le serons après.
Le défilé des ombres (la mienne sur le mur ocre, celle des arbres, celles de personnages sur le mur de la Recoleta, ou toutes ces silhouettes silencieuses, la nuit dans les rues de Venise), tout ce théâtre d’ombres est comme le reflet d’un monde antérieur où nous n’étions encore que des ombres, d’un âge d’or crépusculaire où les hommes ne sont pas encore précipités vers la lumière brutale du monde réel, vers ce désert où toutes les ombres sont victimes de la lumière artificielle et de la réalité virtuelle, où les corps sont devenus translucides dans un monde surexposé de l’intérieur.
La photo, elle, garde la trace d’une écriture de l’ombre, ce qu’elle est tout autant qu’une « écriture de la lumière », et donc le secret d’une source lumineuse venue de la nuit des temps.
On dit de l’ombre qu’elle nous suit, en fait elle nous a toujours déjà précédés, et elle nous survivra. Comme la mort : nous avons été morts avant d’être vivants, et nous le serons après.
.
Jean Baudrillard, Ombre et photo
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.