J'ai vu dans ce monde une mer de sable aussi fluide que l'eau ; j'ai vu des pierres, petites et grandes, mutuellement attirées les unes vers les autres, tel le fer vers l'aimant. Jointes les unes aux autres, elles ne peuvent se dissocier à moins qu'on n'intervienne directement, de la même façon que l'on sépare le fer de l'aimant sans qu'il puisse s'y opposer. Mais, si on s'abstient de le faire, ces pierres continuent d'adhérer les unes aux autres sur une distance déterminée. Lorsqu'elles sont toutes unies, cela constitue la forme d'un navire. J'ai moi même vu ainsi {se former} une petite embarcation et deux nefs. Quand un vaisseau est ainsi constitué, les habitants le mettent à l’eau, puis ils embarquent pour voyager où bon leur semble. Le plancher du navire est fait de particules de sable ou de poussière soudées les unes aux autres de manière spécifique. Jamais je n'ai rien vu d'aussi merveilleux que ces vaisseaux de pierre voguant sur un océan de sable ! Toutes les embarcations ont la même silhouette ; le vaisseau possède deux flancs à l'arrière desquels se dressent deux énormes colonnes plus hautes que la taille d'un homme. Le sol du navire à l'arrière est à hauteur de la mer sur laquelle il s'ouvre sans qu'un seul grain de sable pénètre à l'intérieur.
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Ibn Arabi, Futûhât
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