
La fine pointe de l’enseignement du désert – mais rares sont les élèves capables d’atteindre cette classe – serait de comprendre qu’il arrive un instant où toutes les voies s’évanouissent. Il n’y a plus de traces de voies. Elles sont totalement estompées. Auparavant il y a eu recherche, déblaiement, creusement. Soudain la lueur fugitive du trésor apparaît. Peu importe le nom donné à ce trésor, à cette « perle », à ce royaume. La recherche est suspendue, arrêtés le déblaiement et le creusement. Tout a été trouvé. Désormais, il n’y a plus qu’à vivre cette expérience, à l’intérioriser davantage, à l’approfondir. Elle jaillira dans l’extériorité à la façon d’une source qui, ayant percé la terre qui la recouvrait, s’écoule en toute liberté et abreuve ceux qui ont soif. L’élève n’est pas l’auteur de la source, il la contenait ; elle le traverse et se répand. Toutes les voies convergent vers cette source unique.
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Plus l’homme devient profond, plus sa communion avec autrui deviendra authentique. La véritable communion exige le passage par la dimension de profondeur, sinon elle n’est qu’illusoire et risque de provoquer une évanescence, celle de soi-même ou de l’autre ou encore des deux. Pour être véritable, la communion comporte le respect de la personne et par conséquent de sa vocation particulière. La communion est mélodique, chorale et de ce fait chacun doit conserver sa propre réalité non seulement existentielle mais essentielle. Elle n’est jamais le fruit d’une conquête exigeant un combat corps à corps, âme à âme. Seul l’homme, en qui la fine pointe de l’âme devenue vivante s’actualise en esprit, peut retrouver autrui. Et cela en dehors du temps et de l’espace. C’est pourquoi les contemplatifs communient « naturellement » avec les autres hommes d’une façon universelle. Si paradoxal que cela puisse paraître, l’homme du désert intériorisé, en tant que passager en chemin vers la libération, rencontre autrui du fait de la plénitude de sa liberté. En récusant tout engrangement, toute forme d’avoir, il se fixe dans le dedans et par conséquent, sans retour sur lui-même, devient libre d’assumer le dehors.
Plus l’homme devient profond, plus sa communion avec autrui deviendra authentique. La véritable communion exige le passage par la dimension de profondeur, sinon elle n’est qu’illusoire et risque de provoquer une évanescence, celle de soi-même ou de l’autre ou encore des deux. Pour être véritable, la communion comporte le respect de la personne et par conséquent de sa vocation particulière. La communion est mélodique, chorale et de ce fait chacun doit conserver sa propre réalité non seulement existentielle mais essentielle. Elle n’est jamais le fruit d’une conquête exigeant un combat corps à corps, âme à âme. Seul l’homme, en qui la fine pointe de l’âme devenue vivante s’actualise en esprit, peut retrouver autrui. Et cela en dehors du temps et de l’espace. C’est pourquoi les contemplatifs communient « naturellement » avec les autres hommes d’une façon universelle. Si paradoxal que cela puisse paraître, l’homme du désert intériorisé, en tant que passager en chemin vers la libération, rencontre autrui du fait de la plénitude de sa liberté. En récusant tout engrangement, toute forme d’avoir, il se fixe dans le dedans et par conséquent, sans retour sur lui-même, devient libre d’assumer le dehors.
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Désormais l’homme, ayant dépassé le stade religieux, ne parle plus de Dieu, ne parle plus à Dieu ; il se tait au sein de l’Innommable. Alors sa souffrance disparaît. Accepter de ne plus souffrir n’est pas aisé. Souffrir permet de se sentir exister. Que la souffrance cesse, l’homme risque d’éprouver la quasi-certitude de ne plus vivre. Le saut hors du religieux n’est pas confortable. Tout classement devient alors impossible, toute étiquette récusée pour soi-même ou pour autrui. Le domaine du croire fait place à la certitude. La foi et l’espérance s’éclipsent au profit de la caritas. A ce stade pourrait-on parler d’une présence ou d’une absence de Dieu ? Pour répondre à cette question il suffit de citer le texte chanté le Jeudi saint lors du lavement des pieds :
Désormais l’homme, ayant dépassé le stade religieux, ne parle plus de Dieu, ne parle plus à Dieu ; il se tait au sein de l’Innommable. Alors sa souffrance disparaît. Accepter de ne plus souffrir n’est pas aisé. Souffrir permet de se sentir exister. Que la souffrance cesse, l’homme risque d’éprouver la quasi-certitude de ne plus vivre. Le saut hors du religieux n’est pas confortable. Tout classement devient alors impossible, toute étiquette récusée pour soi-même ou pour autrui. Le domaine du croire fait place à la certitude. La foi et l’espérance s’éclipsent au profit de la caritas. A ce stade pourrait-on parler d’une présence ou d’une absence de Dieu ? Pour répondre à cette question il suffit de citer le texte chanté le Jeudi saint lors du lavement des pieds :
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Ubi caritas, Deus ibi est
Ubi caritas, Deus ibi est
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Marie-Madelaine Davy, Le désert intérieur
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