
Le walî, s’il a su, à chaque étape successive, résister à la tentation de s’arrêter en chemin – chaque paragraphe de l’Epître [d'Ibn Arabî] s’ouvre sur un rappel lancinant de ce péril -, est donc parvenu à la « station de la Proximité » (maqam al-qurba), à la sainteté plénière, que Jésus scellera à la fin des temps. Seule lui est interdite, depuis la disparition du Sceau de la sainteté muhammadienne, la position centrale réservée dans ce maqâm à ceux qui sont intégralement des « héritiers muhammadiens ». Mais se savoir proche, c’est encore se savoir être : c’est encore, pour la créature, revendiquer un degré d’autonomie ontologique. La véritable Proximité n’est consommée que dans la totale dé-création du créé, lorsque ne subsiste plus que l’Unicité divine (al-wahda).
« Si tu ne t’arrêtes pas à cela, tu seras effacé, occulté, éteint, anéanti, annihilé.
« Puis, lorsque cet effacement et tout ce qui le suit – occultation, extinction, anéantissement, annihilation – auront produit en toi tous leurs effets, tu seras affirmé, rendu présent, subsistant et rassemblé. »
Ici se referme la boucle du devenir. La palingénèse est accomplie. L’homme, au terme de mi’râj, se réduit à l’indestructible secret divin (sirr ilâhi) déposé en lui au commencement des temps par l’insufflation de l’Esprit (nafkh al-rûh) dans l’argile adamique. « Alors, dit Ibn Arabî dans son Kitâb al-isrâ, le pair et l’impair se conjoignent, Il est et tu n’es pas… Et Il Se voit Lui-même par Lui-même. »
Cependant, si l’ « arrivée » à Dieu (al-wusûl) est le point final de l’ascension, elle n’est pas, pour les plus parfaits, la fin du voyage. Le mi’râj, en arabe, est un mot qui peut se traduire par « échelle » : mais il s’agit, en l’occurrence, d’une échelle double. Parvenu au sommet, le walî doit redescendre par des échelons distincts mais symétriques de ceux qu’il a gravis.
« Si tu ne t’arrêtes pas à cela, tu seras effacé, occulté, éteint, anéanti, annihilé.
« Puis, lorsque cet effacement et tout ce qui le suit – occultation, extinction, anéantissement, annihilation – auront produit en toi tous leurs effets, tu seras affirmé, rendu présent, subsistant et rassemblé. »
Ici se referme la boucle du devenir. La palingénèse est accomplie. L’homme, au terme de mi’râj, se réduit à l’indestructible secret divin (sirr ilâhi) déposé en lui au commencement des temps par l’insufflation de l’Esprit (nafkh al-rûh) dans l’argile adamique. « Alors, dit Ibn Arabî dans son Kitâb al-isrâ, le pair et l’impair se conjoignent, Il est et tu n’es pas… Et Il Se voit Lui-même par Lui-même. »
Cependant, si l’ « arrivée » à Dieu (al-wusûl) est le point final de l’ascension, elle n’est pas, pour les plus parfaits, la fin du voyage. Le mi’râj, en arabe, est un mot qui peut se traduire par « échelle » : mais il s’agit, en l’occurrence, d’une échelle double. Parvenu au sommet, le walî doit redescendre par des échelons distincts mais symétriques de ceux qu’il a gravis.
« Ensuite, tu seras ramené sur ton chemin et tu verras de nouveau ce que tu avais vu précédemment, mais sous d’autres formes ; et tu reviendras ainsi vers le monde limité et terrestre de tes sens. Cela à moins que tu ne t’agrippes au lieu où tu fus occulté. »
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Michel Chodkiewicz, Le Sceau des saints
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