Je connais très bien mon temps. Ne jamais travailler demande de grands talents. Il est heureux que je les ais eus. Je n’en aurais manifestement eu aucun besoin, et n’en aurais certainement pas fait usage, dans le but d’accumuler des surplus, si j’avais été originellement riche, ou si même j’avais au moins bien voulu m’employer dans un des quelques arts dont j’étais peut-être plus capable que d’autres, en consentant une seule fois à tenir le moindre compte des goûts actuels du public. Ma vision personnelle du monde n’excusait de telles pratiques autour de l’argent que pour garder ma complète indépendance ; et donc sans m’engager effectivement à rien en échange. L’époque où tout se dissolvait a beaucoup facilité mon jeu à cet égard. Le refus du « travail » a pu être incompris et blâmé chez moi. Je n’avais certes pas prétendu embellir cette attitude par quelque justification éthique. Je voulais tout simplement faire ce que j’aimais le mieux. En fait, j’ai cherché à connaître, durant ma vie, bon nombre de situations poétiques, et aussi la satisfaction de quelques-uns de mes vices, annexes mais importants. Le pouvoir n’y figurait pas. J’aime la liberté, mais sûrement pas l’argent. Comme disait l’autre : « L’argent n’était pas un désir de l’enfance. »
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Guy Debord, “Cette mauvaise réputation…”
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