Le dieu qui errait là, au premier matin,
Qu’aurait-il espéré de la parole ?
Il ne fit rien que rassembler des pierres,
Ce sont ces tas qu’on voit, à des carrefours.
.
Mais vint un second jour. Et parut cet enfant
Qui ramasse, hésitant, une brindille
Pour l’offrir, infinie en sa main tendue,
À d’autres qui, surpris dans leur jeu, se taisent.
.
Ils le regardent qui avance, ils se détournent,
Le ciel à grand fracas traverse les arbres,
Son feu s’abat, où j’entendais ces rires.
.
Au soir du second jour le monde cesse,
Ce qui aurait pu être ne sera pas,
Toute la nuit il pleut jusqu’au fond de l’herbe.


Yves Bonnefoy, L’enfant du second jour
.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.