
.Les éternités passèrent
sur son visage et au-
delà
sur son visage et au-
delà
.
Le poème est seul. Il est seul et en chemin. Celui qui l’écrit lui est simplement donné pour la route.
Mais par cela même, ne voit-on pas que le poème, déjà ici, se tient dans la rencontre – dans le secret de la rencontre ?
Le poème veut aller vers un Autre, il a besoin de cet Autre, il en a besoin en face de lui. Il le recherche, il se promet à lui.
Chaque chose, chaque être est, pour le poème qui a mis ainsi le cap sur l’Autre, une figure de cet Autre.
L’attention que le poème tâche de porter à tout ce qui vient à sa rencontre, son sens plus aigu du détail, du contour, de la structure, de la couleur, mais aussi des « frémissements », des « allusions », tout cela, je crois, n’est pas une acquisition progressive de l’œil rivalisant (ou allant de pair) avec les performances chaque jour parfaites de la machine, c’est bien plutôt, rassemblant la mémoire de toutes nos dates, une concentration.
« L’attention » - permettez-moi ici, à l’exemple de Walter Benjamin dans son essai sur Kafka, de citer ce mot de Malebranche -, « L’attention est la prière naturelle de l’âme. »
Le poème devient – à quelles conditions ! – le poème de quelqu’un qui – toujours encore – perçoit, qui est tourné vers ce qui apparaît, qui interroge cela qui apparaît et lui adresse la parole ; cela devient un dialogue – souvent c’est un dialogue désespéré.
C’est seulement dans l’espace de ce dialogue que se constitue cela même à quoi la parole s’adresse et qui se rassemble autour du Je qui lui parle et le nomme. Mais dans ce présent, ce à quoi la parole s’adresse et qui d’être nommé est devenu pour ainsi dire un Tu, apporte aussi son être autre. Là encore, dans l’ici et maintenant du poème – le poème par lui-même n’a jamais que ce présent-là, unique, ponctuel -, encore dans cette immédiateté et proximité le poème laisse parler aussi ce que l’Autre a de plus proprement sien : son temps.
Mais par cela même, ne voit-on pas que le poème, déjà ici, se tient dans la rencontre – dans le secret de la rencontre ?
Le poème veut aller vers un Autre, il a besoin de cet Autre, il en a besoin en face de lui. Il le recherche, il se promet à lui.
Chaque chose, chaque être est, pour le poème qui a mis ainsi le cap sur l’Autre, une figure de cet Autre.
L’attention que le poème tâche de porter à tout ce qui vient à sa rencontre, son sens plus aigu du détail, du contour, de la structure, de la couleur, mais aussi des « frémissements », des « allusions », tout cela, je crois, n’est pas une acquisition progressive de l’œil rivalisant (ou allant de pair) avec les performances chaque jour parfaites de la machine, c’est bien plutôt, rassemblant la mémoire de toutes nos dates, une concentration.
« L’attention » - permettez-moi ici, à l’exemple de Walter Benjamin dans son essai sur Kafka, de citer ce mot de Malebranche -, « L’attention est la prière naturelle de l’âme. »
Le poème devient – à quelles conditions ! – le poème de quelqu’un qui – toujours encore – perçoit, qui est tourné vers ce qui apparaît, qui interroge cela qui apparaît et lui adresse la parole ; cela devient un dialogue – souvent c’est un dialogue désespéré.
C’est seulement dans l’espace de ce dialogue que se constitue cela même à quoi la parole s’adresse et qui se rassemble autour du Je qui lui parle et le nomme. Mais dans ce présent, ce à quoi la parole s’adresse et qui d’être nommé est devenu pour ainsi dire un Tu, apporte aussi son être autre. Là encore, dans l’ici et maintenant du poème – le poème par lui-même n’a jamais que ce présent-là, unique, ponctuel -, encore dans cette immédiateté et proximité le poème laisse parler aussi ce que l’Autre a de plus proprement sien : son temps.
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Toujours, lorsque nous dialoguons ainsi avec les choses, nous sommes également dans la question : « venues d’où et allant vers où ? », une question « qui reste ouverte », « qui n’en finit pas », qui indique l’ouvert, le vide, le champ libre – nous sommes loin dehors.
Le poème, je crois, cherche aussi ce lieu.
Toujours, lorsque nous dialoguons ainsi avec les choses, nous sommes également dans la question : « venues d’où et allant vers où ? », une question « qui reste ouverte », « qui n’en finit pas », qui indique l’ouvert, le vide, le champ libre – nous sommes loin dehors.
Le poème, je crois, cherche aussi ce lieu.
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Paul Celan, Le Méridien
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