La nuit tombe et déjà s'efface la colline,
Seul devant le mystère où grouillent les dangers,
Seul dès l'aube, à midi ; seul quand le jour décline,
Seul au milieu des siens, intimes étrangers,
Acteur inconscient on a joué son rôle
Et mimé tour à tour, en bouffon solennel
Le pitre et l'ingenu, le saint, et puis le drôle ;
Imposteur innocent, raisonnable et charnel,
Acclamant l'idéal et suivant la nature,
Conciliant sans peine et “Devoir” et plaisir ;
Aveugle on a marché, sans guide, à l'aventure,
Aux chemins imposés qu'on avait cru choisir.
Mais le vent s'est levé qui va tarir la sève ;
L'heure a sonné, la mort approche : ô vérité,
Va-t-on soudain pouvoir, s'éveillant d'un long rêve
Entrer, vivant enfin, dans la réalité ?


Théodore Monod, L'Emeraude des Garamantes
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