- Si Dieu a parlé dans le désert, c'est pour priver de toute racine Sa parole afin que la créature soit Son lien priviligié. Nous ferons, de notre âme, une oasis cachée, disait reb Abravanel.

- Et de Sa parole écrite ? - demanda le disciple - que ferons-nous ?

- De ses vocables de feu, nous ferons un livre de feu inconsumable, répondit reb Abravanel.

Mais reb Hassoud dont la hardiesse des propos et des commentaires était le plus souvent, mal acceptée des exégètes, intervint et dit :

- Errante est la parole de Dieu. Elle a, pour écho, la parole du peuple errant. Point d'oasis pour elle, nulle ombre, nulle paix ; mais l'immensité du désert assoiffé ; mais le livre de cette soif, le feu dévastateur de ce feu qui réduit en cendres tous les livres, au seuil de l'obsédante illisibilité du Livre légué.


Edmond Jabès, Le Livre des ressemblances [t.II]
.
.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.