Le vent ne s'arrêtera pas. Des rafales de sable tourbillonnent devant moi et cinglent mon visage. Mais il y a encore trop à voir, trop de quoi s'émerveiller, le monde, si plein de vie dans la lumière éclatante, et le vent, exultant de fièvre printanière, de délice matinal. Tandis que je continue à marcher, il me semble que l'étrangeté et la merveille de l'existence sont accentuées ici, dans le désert, par la dispersion de la flore et de la faune : la vie non pas accumulée sur la vie, comme ailleurs, mais projetée au loin dans l'éparpillement et la simplicité, avec un don généreux d'espace pour chaque herbe, chaque buisson, chaque arbre, chaque tige, de sorte que l'organisme vivant se dresse hardi, courageux et alerte sur le sable sans vie et le rocher nu. L'extrême clarté de la lumière du désert n'a d'égale que l'extrême individualisation des formes de vie dans le désert. C'est à découvert et dans la liberté que l'amour fleurit le mieux.


Edward Abbey, Désert solitaire
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