Pleurez mes yeux, pleurez. Je ne peux plus rire. Mon être va vers l'Ami. Je ne reviendrai pas. La douleur de mille morts m'est indifférente. Je vais où l'on ne meurt pas, où je ne mourrai pas. Je veux que mon être s'enflamme, s'embrase au feu d'amour. Coulez mes larmes de sang. Je ne vous essuierai pas. Je subirai l'amour jusqu'à n'être que cendres. Je me suis peint de ta couleur. Celle-ci ne pâlira pas. Le sage des sages qui m'éveilla me suffit. Je ne saisirai plus d'autre main que la sienne. J'ai troqué mon désir d'être contre celui de n'être pas. Ce n'est plus, désormais, la double poursuite de l'âme et du corps. Nous émigrons, corps et âme, d'éphémère en éternel. J'ai résolu de prendre la route. Je ne reviendrai pas.


Yunus Emre, Le Diwan
traduit par Yves Régnier
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