J'ai bu le vin d'un échanson, de l'Échanson, au cabaret universel. J'ai bu le vin et je suis ivre de l'échanson. Quand il paraît nos coeurs s'enflamment, car il répand cette cire incandescente dont le soleil n'est qu'un mode éphémère. Consumés par le feu de l'Amour, nos corps deviennent lumière. Le feu de l'Amour n'est pas celui de notre terre. J'ignore ce qu'il est. Là-bas, chaque enivré psalmodie : " Je suis le Vrai. " Les amoureux maladroits ressemblent à Mansour. Quand ils sont Adham le Magnifique, lors, comme dans Balkh, des ruines s'amoncellent. Nous sommes des milliers à être Bayazid. Ensemble nous chantons ce refrain : " J'abandonne et je viens. " Yunus, tiens ta langue devant les ignorants . Tu sais comment ceux-ci passent leur temps.



Yunus Emre, Le Diwan
traduit par Yves Régnier