L’enfant crie dans son berceau,
le vieillard est face à sa mort,
le jeune homme parle avec son amie,
le souffle, à ses lèvres, les yeux dans ses yeux.
On s’endort – s’éveillera-t-on ici encore ?
On a le temps, le temps, on a le temps de dormir !
Un gardien vigilant, de maison en maison
passe, un fanal rose à la main,
et, grondements saccadés par-dessus l’oreiller,
sa crécelle violente va gronder :
– ne dors pas ! Résiste ! Je dis vrai !
sinon, c’est le sommeil éternel !
sinon, c’est la maison éternelle !
Marina Tsvetaeva, Insomnie et autres poèmes
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