Sur le socle des mers
le bruit apaise le sang
femme nue aux gestes accordés
à l'onde femme nue aux gestes
couronnés d'écume
Furieuses sont les maîtresses des îles
aux pins de granit douces pourtant
avec les feuilles et Ies fruits
Océan où finissent nos hésitations et nos blessures
Une fois a marqué ma vie pour toujours
Au camp des esclaves les grelots bavent
comme des nouveau-nés Il faut la patience
des murs pour retenir les forçats la confiance
du plomb et du fer Il faut aussi la mort
au collier de ruisseau perdu
Sur le socle des mers
le soleil est un vautour
que les vents enivrent
Jamais plus
les larmes fleuriront sur l'eau des champs
Jamais plus la révolte ne hantera les sentiers vendus
La route est tracée vous dis-je
et les pas des poètes sont sûrs
Le souci de vivre est une fleur pressentie
sa forme le parfum sont lieux précis d'exil
Le rêve est assis entre ses deux bourreaux
et ce sont eux qui pâlissent



Edmond Jabès, Sur le socle des mers


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.