...choisis la bonne solitude la solitude libre légère impétueuse, je remercie le ciel à chaque instant pour ce vieux monde pour lequel les hommes n'ont pas été assez simples ni assez silencieux, le ciel bleu et le travail fleuri la campagne, mon auberge était à la grande ourse mes étoiles au ciel avaient un doux frou frou, la clairière rouge, un grand vaisseau d'or au-dessus de moi agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin, un goût de cendre vole dans l'air, les frissons s'élèvent et grondent, on se rencontre juste le temps d'un sourire, sur l'eau traversant les aulnes verdoyants un homme, la rivière scintille entre les hameaux, le soleil disparaît au-delà des mûriers, nuit calme de printemps dans la montagne vide, un homme oisif fait l'amour à la vie, que d'éclats ces ouis contre ces nons, un pic noir crie près du torrent printanier, touillez touillez touillez tout chat tout chat, chaque jour je sors cueillir du serpolet, le chemin est long je rentre souvent au crépuscule, le champ de la paix prospère, journée tranquille d'un séjour oisif, erre-revie, pass'evant, dans le vert émeraude effleure l'autel immortel, la couleur de l'automne donne de l'inspiration, plusieurs pics surgissent au milieu des nuages, mer au matin, bruit de la source dans les rochers sur les parois de pierre, vent de mer la nuit dans une île, abeille, vol triangulaire des cygnes, agneau nouveau né beau bélier brebis, le doux mufle de la vache, le mufle sauvage du taureau, le mufle patient du boeuf, le feu rouge dans l'âtre, l'herbe, l'odeur de l'herbe, la bonne terre, le sable, la cendre, le héron qui a attendu toute la nuit à demi gelé et qui trouve a apaisé sa faim à l'aurore, le petit poisson qui agonise dans le gosier du héron, la main qui entre en contact avec les choses, la peau, toute la surface du corps, le regard et ce qu'il regarde, les neufs portes de la perception, Mille lieux de montagnes, le parfum du thym, le bourdonnement des insectes , le torse humain, le son d'une viole ou d'une flûte indigène, une gorgée de boisson froide ou chaude, le pain, les fleurs qui sortent de terre au printemps, sommeil dans un lit, un aveugle qui chante et un enfant infirme, cheval qui court en liberté, la femme aux-chiens, soleil levant sur un lac à demi gelé, l'éclair silencieux, la foudre bruyante, le silence entre deux amis, la voix qui vient de l'est entre par l'oreille droite et enseigne un chant, les gens de bonne volonté rencontrés en route, on procède par illuminations successives, l'éternité est dans nos lèvres et nos yeux, le bonheur dans l'arc de nos sourcils, Dieu est un teinturier, la vérité est unique elle est nombreuse, la vérité se repose en elle même comme un mur blanc frappé de soleil, le tranchant du jour ne brûle plus les fleurs, de nouveau une salle s'ouvre, le jardin est sauvé, les jours se mêlent dans un ordre plus audacieux, sur le lac une seule onde de joie, tous les visages semblent parents, ce que tu cherches cela est proche et vient déjà à ta rencontre, du fond des montagnes d'Asie apparaît la lumière sacrée de la lune, au fil des flots les reflets des étoiles se croisent, le paysage avec des poires jaunes et tout fleuri de roses sauvages se suspend dans le lac, folie de l'espace et du vent, le bruit de l'eau rapide, les roches en équilibre sur la couleur, ici la lumière retire à la blessure ses bandages, une fraîcheur d'herbe verdit au sol et la pluie du ciel porteuse de joie goutte à chaque cep, la mousse croît les hirondelles reviennent, les amants demeurent ce qu'ils ont été, ils se retrouvent chez eux caresse d'or d'un rayon sur une fleur souffle de l'esprit, suivre les impusions silencieuses qui parfois nous habitent, accomplir toutes les possibilités de notre nature humaine, donner la pleine mesure à tous nos sens, vivre les six jours de la création avant de connaître le repos du septième, puiser et goûter la présence du logos dans l'eau des apparences et du quaotidien, a midi c'est encore toi printemps feu du soleil lit rouge et bleu, nous passons sur le toi midi, clavecin d'or perle rousse bijou violet soleil et entre les jambes le lys, O l'oméga humide et lisse rayon violet, pas à pas roue de la reine reine des rois petit pas mon coeur ma divine souveraine, elle et lui homme ou femme, nuage d'or eau vent ciel corne d'eau, trois quarts à la pie pour Maître Marc ! ou encore tenue mer reflet un dauphin un tigre un lion une sèche furieusement, sous moi le lion le vent le tigre et l'océan, vive muette forte rusée belle dents bel oeil mon prince et ma chaussette, soupir parfum ton parfum tes oreilles tes dents ta bouche ta langue ton orteille, envie de toi la nuit le jour le lendemain la veille, dans la ténèbre nichent les aigles et sans frémir les fils des alpes sur des ponts légers passent l'abîme, le vent du nord-est se lève de tous les vents mon préféré parce qu'il promet aux marins haleine ardente et traversée heureuse, regarde au loin un noble couple de chênes et de trembles d'argent, les femmes brunes sur le sol doux comme une soie au temps de mars, pars donc et porte mon salut à la belle garonne et aux jardins de Bordeaux, là-bas, quand la nuit et le jour sont de même longueur, quand sur les lents sentiers avec son faix léger de rêves brillants glisse le bercement des brises, soeur d'ombrageuse mélancolie vois, une barque anxieusement sombre sous les étoiles, face au visage taciturne de la nuit, les chênes sur les chemins oubliés des morts, et un ange chante dans le bois, proche dans le bois, pour les enfants qu'il endort, tête du serpent corail sous la pierre sèche et tête du cobra haut-levée, muets et fascinés, intelligence souveraine venin, cette voix parlant clair va fouiller l'obscur de l'obscur, sable nous-mêmes, sable avalant cet oeil d'eau, sur les branches des anges qui attisent le feu, un vent vient balayer la poussière, l'oeil, la poussière, et si cela n'est pas une montagne c'est un Dieu, sous le pinceau fragrances des monts et des eaux, couleurs des arbres fondues dans la brume lointaine, l'homme s'est endormi dans la chaumière décrépie, son coeur erre parmi les nuages au coeur du tableau, en écoutant le bruit de l'eau, en psalmodiant sur la berge, bambou et orchidées, l'ermitage au pied des monts, conversation avec la montagne, la Nature m'a tout donné, un solitaire ami des arbres, l'absence de règles constitue la règle suprême, brume sur la montagne, herbes et fleurs, bambous et rocher, les melons, études d'insectes, bambous, son corps à la pureté de neige se tient à distance dans l'eau, pour qui cache-t-elle son visage ? charme céleste, révélé, insaisi, au nord au sud du logis, eaux printanières m'enchante tous les jours l'arrivée des mouettes, le sentier fleuri n'a point été balayé, la porte de bois, pour vous, enfin, est ouverte ! Pygarge, goéland, courlis et pluvier, crécerelle et grand tétras, tous les oiseaux de la mer se sont envolés hardiment lorsqu'ils eurent goûté du baiser de Tristan et Isolde...


Amo ergo sum, j'aime donc je suis

(un grand merci à Lionel André)