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Le mythe garantit à l’homme que ce qu’il se prépare à faire a deja été fait, il l’aide à chasser les doutes qu’il pourrait concevoir quant au résultat de son entreprise. Pourquoi hésiter devant une expédition maritime, puisque le Héros mythique l’a déjà effectué dans un Temps fabuleux ? On n’a qu à suivre son exemple. De même, pourquoi avoir peur de s’installer dans un territoire inconnu et sauvage, puisqu’on sait ce qu’on doit faire ? Il suffit, tout simplement, de répéter le rituel cosmogonique, et le territoire inconnu (= le « Chaos ») se transforme en « Cosmos », devient une imago mundi, une « habitation » légitimée rituellement. L’existence d’un modèle exemplaire n’entrave point la démarche créatrice. Le modèle mythique est susceptible d’applications illimitées.
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L’homme des sociétés où le mythe est chose vivante vit dans un monde « ouvert », bien que « chiffré » et mystérieux. Le Monde « parle » à l’homme et, pour comprendre ce langage, il suffit de connaître les mythes et de déchiffrer les symboles. A travers les mythes et les symboles de la Lune, l’homme saisit la mystérieuse solidarité entre temporalité, naissance, mort et résurrection, sexualité, fertilité, pluie, végétation et ainsi de suite. Le Monde n’est plus une masse opaque d’objets arbitrairement jetés ensemble, mais un cosmos vivant, articulé et significatif. En dernière analyse, le Monde se révèle en tant que langage. Il parle à l’homme par son propre mode d’être, par ses structures et ses rythmes.
L’homme des sociétés où le mythe est chose vivante vit dans un monde « ouvert », bien que « chiffré » et mystérieux. Le Monde « parle » à l’homme et, pour comprendre ce langage, il suffit de connaître les mythes et de déchiffrer les symboles. A travers les mythes et les symboles de la Lune, l’homme saisit la mystérieuse solidarité entre temporalité, naissance, mort et résurrection, sexualité, fertilité, pluie, végétation et ainsi de suite. Le Monde n’est plus une masse opaque d’objets arbitrairement jetés ensemble, mais un cosmos vivant, articulé et significatif. En dernière analyse, le Monde se révèle en tant que langage. Il parle à l’homme par son propre mode d’être, par ses structures et ses rythmes.
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L’existence du Monde est le résultat d’un acte divin de création, ses structures et ses rythmes sont le produit des événements qui ont eu lieu au commencement du Temps. La Lune a son histoire mythique, mais aussi le Soleil et les Eaux, les plantes et les animaux. Tout objet cosmique a une « histoire ». Cela veut dire qu’il est capable de « parler » à l’homme. Et parce qu’il « parle » de lui-même, en premier lieu de son « origine », de l’événement primordial à la suite duquel il est venu à l’être, l’objet devient réel et significatif. Il n’est plus un « inconnu », un objet opaque, insaisissable et dépourvu de signification, bref, « irréel ». Il participe au même « Monde » que celui de l’homme.
L’existence du Monde est le résultat d’un acte divin de création, ses structures et ses rythmes sont le produit des événements qui ont eu lieu au commencement du Temps. La Lune a son histoire mythique, mais aussi le Soleil et les Eaux, les plantes et les animaux. Tout objet cosmique a une « histoire ». Cela veut dire qu’il est capable de « parler » à l’homme. Et parce qu’il « parle » de lui-même, en premier lieu de son « origine », de l’événement primordial à la suite duquel il est venu à l’être, l’objet devient réel et significatif. Il n’est plus un « inconnu », un objet opaque, insaisissable et dépourvu de signification, bref, « irréel ». Il participe au même « Monde » que celui de l’homme.
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Une telle coparticipation non seulement rend le Monde « familier » et intelligible, elle le rend transparent. A travers les objets de ce Monde-ci, on perçoit les traces des Etres et des puissances d’un autre monde. C’est pour cette raison que nous disions plus haut que pour l’homme archaïque, le Monde est à la fois « ouvert » et mystérieux. En parlant de lui-même, le Monde renvoie à ses auteurs et protecteurs, et raconte son « histoire ». L’homme ne se trouve pas dans un monde inerte et opaque et, d’autre part, en déchiffrant le langage du Monde, il est confronté au mystère. Car la « Nature » dévoile et camoufle à la fois le « surnaturel », et c’est en cela que réside pour l’homme archaïque le mystère fondamental et irréductible du Monde. Les mythes révèlent tout ce qui s’est passe, depuis la cosmogonie jusqu'à la fondation des institutions socioculturelles. Mais ces révélations ne constituent pas une « connaissance » au sens strict du terme, elles n’épuisent point le mystère des réalités cosmiques et humaines. Ce n’est pas parce qu’en apprenant le mythe d’origine on arrive à maîtriser diverses réalités cosmiques (le feu, les recoltes, les serpents, ets), quon les transforme en « objets de connaissance ». Ces réalités continuent à garder leur densité ontologique originelle.
Une telle coparticipation non seulement rend le Monde « familier » et intelligible, elle le rend transparent. A travers les objets de ce Monde-ci, on perçoit les traces des Etres et des puissances d’un autre monde. C’est pour cette raison que nous disions plus haut que pour l’homme archaïque, le Monde est à la fois « ouvert » et mystérieux. En parlant de lui-même, le Monde renvoie à ses auteurs et protecteurs, et raconte son « histoire ». L’homme ne se trouve pas dans un monde inerte et opaque et, d’autre part, en déchiffrant le langage du Monde, il est confronté au mystère. Car la « Nature » dévoile et camoufle à la fois le « surnaturel », et c’est en cela que réside pour l’homme archaïque le mystère fondamental et irréductible du Monde. Les mythes révèlent tout ce qui s’est passe, depuis la cosmogonie jusqu'à la fondation des institutions socioculturelles. Mais ces révélations ne constituent pas une « connaissance » au sens strict du terme, elles n’épuisent point le mystère des réalités cosmiques et humaines. Ce n’est pas parce qu’en apprenant le mythe d’origine on arrive à maîtriser diverses réalités cosmiques (le feu, les recoltes, les serpents, ets), quon les transforme en « objets de connaissance ». Ces réalités continuent à garder leur densité ontologique originelle.
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Dans un Monde pareil, l’homme ne se sent pas emmuré dans son propre mode d’exister. Lui aussi est « ouvert ». Il communique avec le Monde parce qu’il utilise le même langage : le symbole. Si le Monde lui parle à travers ses astres, ses plantes et ses animaux, ses rivières et ses rocs, ses saisons et ses nuits, l’homme lui répond par ses rêves et sa vie imaginaire, par ses Ancêtres ou ses totems – à la fois « Nature », surnature et êtres humains, – par sa capacité de mourir et de ressusciter rituellement dans les cérémonies d’initiation (ni plus ni moins que la Lune et la végétation), par son pouvoir d’incarner un esprit en revêtant un masque, etc. Si le Monde est transparent pour l’homme archaïque, celui-ci sent que lui aussi est « regardé » et compris par le Monde. Le gibier le regarde et le comprend, mais aussi le rocher, ou l’arbre, ou la rivière.
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Mircea Eliade, Aspects du Mythe (1963)
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