Abîmes

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Des abîmes nous sommes
issus et allés comme le lion
dans la dissension et le scandale –
car plus sensuels sont les hommes
dans l’incendie du désert – chancelant
de lumière, et le génie animal
est en eux. Mais bientôt ma voix
va tourner en rond
comme un chien dans la canicule
par les ruelles des jardins
où des hommes vivent…
en France.
Le Créateur, Francfort, elle,
dans sa forme, qui est reflet de la nature,
– ceux qui y vivent je veux dire –
est le nombril
de cette terre – et notre temps
est un temps aussi – et frappé au sceau de l’Allemagne.
Mais une éminence sauvage domine
mes jardins en pente. Cerisiers. Et un vent âpre
joue dans les failles des pierres. Soudain je suis
tout à la fois. Merveilleusement
au-dessus de la source flexible
un noyer penche et se….....des baies comme des coraux
sur les haies pendus par des tiges de bois creuses,
desquelles – originellement
c’étaient des moissons – maintenant,
il faut bien le dire, le chant
fixé de fleurs comme
une innovation de la ville, où
jusqu'à la souffrance on respire
l’arome de citron et d’huile de Provence – et les pays
de Gascogne m’ont donné la reconnaissance…
mais apprivoisé, nourri, jusqu'à ce jour encore,
je l’ai été par la joie des armes, des viandes rôties,
la table des jours en fête, et les grappes brunes, ô brunes
………..et ne recueillez, ô fleurs
d’Allemagne – mon âme est comme
un cristal sans feinte, où la lumière
fait l’épreuve
d’elle-même, quand…
.
Hölderlin, De l’abîme en effet…
[Traduit par Jean Baudrillard]

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