Quasar



à blanc désert – et ta gueule trigonocéphale lie le
délire
à nos regards qui jamais n’écoutent peut-être fascinent
le frisson des lis morts et des fièvres – cambri
chaux du sang – je pose sur ton visage une aube jaune
j’ensoleille les crimes du printemps
et les villes rôdeuses mordant le vent
dont le sabot blanc viole toute lune née d’avril
le corps à corps minute l’abîme où se cache la femme
verte – et nous ?
affolés affolants – lorsque nos mains vides
extirpent la plage exiguë de nos poitrines

sa gueule trempée vaccine un délire d’hirondelles
et pas à pas nos faces objectent et suppriment
les cuivres de guêpes et les frissons – depuis
ce printemps est une fondrière
les clous et les plinthes me font face
mais je la contemple sur le poing serré du temps
et ses seins roulent éblouissants contre ma face –
un poème
sans que j’aille à la ligne
sans que j’aboie
myriade nuptiale de fourmis blanches
fracassant les flagrants soldes d’éclipses rares
peau neuve – et ciel nos dents
qui chantent d’onces de siècles abîmés
contre le front du chien volant – salut vermine
vertu vermeille – et dansons
sur la crête d’étoiles mal chantées – c’est
me faire matin-tourterelle
cette bouche de khôl et de fer blanc – non
plus dire – croître mêlasse agrée de mes torsions
à tes hanches d’olivier –
nous sommes des cages cadenassées – des fumées – où
les rivières jettent des sacs de soleil
..
.
Mohammed Khaïr-Eddine, Soleil Arachnide (1969)
.

2 commentaires:

  1. Ah ! Toute ma jeunesse est là ! Je lisais Mohamed Kheïr Eddine avec gourmandise en me demandant si tant de subversion ne finirait pas par faire paraître le monde d'un terrible ennui... Toi l'Aigre ! te voilà parti nous laissant derrière toi juste un sillage de poussière.
    Merci à l'auteur de ce blog pour cet instant précieux où mes pas ont recroisé ceux de MKE !

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  2. très ému par vos mots, merci infiniment !
    respect et admiration pour mke, il fulgure...
    .
    notre monde tremble et tremblera toujours,
    de sa jeunesse, comme vous, aujourd'hui...
    .
    mke, poème à Boujemâa (extrait) :

    décrit par la nuit, je remonte des enfers,
    à petit pas
    mes os réinventés exsudent
    l’éclipse abattue en ton œil, ô Soleil ;
    je récupère ma mort
    et l’éclat vert du sable mal entendu
    oraison, daigne éclore le feu splendide battant
    d’amertume l’oiseau volant dans ce vieux rêve…

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