Des centaines de petits poissons
plongés
dans le mirage chaud du désert
Je suis venu avec le vent
au premier jour d'été
le vent m'emportera
au dernier jour d'automne
Parmi les gens en deuil vêtus de noir
un enfant
fixe un kaki des yeux
Quand je me suis réveillé
c'était exactement le début du printemps
ni plus
ni moins
En cherchant le mirage
j'ai atteint l'eau
sans la sensation de la soif
Ni est
ni ouest
ni nord
ni sud
cet endroit où je me tiens
La nuit
longue
le jour
long
la vie
courte
Sur cent passants
un seul s'arrête
devant mon étal
Au prochain vent
tombera
quelle feuille ?
Je lance un cri
au-dessus d'une vallée profonde
j'attends l'écho
Des oiseaux
jouent
sur les mains et le visage de l'êpouvantail
la fin est proche
Je viens seul
je bois seul
je ris seul
je pleure seul
je m'en vais seul
La blancheur de l'oiseau
se perd dans les nuages blancs
un jour de neige
Il neige
il neige
il neige
le jour s'achève
il neige
la nuit
La montre
s'est arrêtée
au poignet de l'aveugle
Abbas Kiarostami, Avec le vent (2002)
Traduit par Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière
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