Miroir d'eau


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Un peu avant l'aube une lune se fit voir au firmament
Du firmament elle descendait et elle eut souci de nous.
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Semblable au faucon qui enlève un oiseau tandis qu'il chasse
Cette lune m'enleva et s'en fut courir au firmament.
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Lorsqu'en moi je fis inspection, je ne me vis plus moi-même
Parce qu'en cette lune mon corps avait reçu la grâce de devenir semblable à l'âme.
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Dans l'âme, comme je pérégrinais, je vis seulement la lune
Au point que le mystère de l'éternelle théophanie fut entier dévoilé.
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Les neuf cieux descendaient tous au sein de cette lune
Le vaisseau de mon existence était entier caché au profond de cette mer.
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L'onde en l'océan choqua ses vagues et l'intelligence revint à elle.
Elle fit courir son bruit. Cela se fit ainsi et ainsi en fut-il.
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Cette mer écuma et par chacun de ces fragments d'écume
Une figure advint à l'un, un corps advint à l'autre.
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Chaque fragment d'écume, corps qui de la mer reçut signature,
Redevint eau et dans cette mer fut emporté par le flot.
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Sans la guidance de mon maître, le Soleil du Réel de Tabrîz,
L'on ne peut voir ni la lune ni devenir la mer
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Jalâloddîn Rûmî (1207-1273), Soleil du Réel
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